24/02/2014
Ukraine : "l'unité nationale" est-elle une illusion d'optique ?
Les premières mesures de Kiev le laissent craindre :
Une des premières mesures prises par la « nouvelle majorité » [*] de la Rada (en fait tous les élus pêle-mêle) : le projet de supprimer la loi qui officialisait le plurilinguisme dans le pays.
Autrement dit : une pseudo-interdiction - toute théorique - de parler russe officiellement, alors qu'au moins le tiers des 46 millions d'Ukrainiens sont russophones.
Cette décision figurait au programme du parti Svoboda (ex « parti national-socialiste »), qui n'a qu'une poignée de députés mais se trouve actuellement – épaulé par les miliciens de rue de Pravyi Sektor – en position d'inspirateur.
Commentaire de La Croix ce matin : « les députés de la nouvelle majorité n'ont pas envoyé un signal apaisant à la moitié est du pays... » Ce constat est d'autant plus intéressant qu'on ne le lit (à ma connaissance) que dans le quotidien catholique français ! Etonnons-nous de ne pas le trouver dans les autres médias, qui jugent par exemple « scandaleuses et symptomatiques » les aigreurs de Madrid devant la décentralisation linguistique en vigueur en Espagne... Si demain la majorité de droite aux Cortès de Madrid prenait la même décision que la « nouvelle majorité » de la Rada de Kiev, nos éditorialistes s'indigneraient tous et à juste titre. Mais voilà, c'est deux poids et deux mesures.
Ce matin à LCI, après avoir participé à l'émission Choisissez votre camp, nous nous posions la question de « l'unité nationale ukrainienne » que Merkel et Poutine veulent – disent-ils – sauvegarder. Cette unité-là pourrait bien être une illusion d'optique, propre aux Occidentaux, et non partagée par les bandéristes [**] ouest-ukrainiens qui veulent imposer aux russophones de l'est de renoncer officiellement à leur langue maternelle.
__________
[*] Formule de Laurent Fabius. Une "nouvelle majorité" sans qu'il y ait eu d'élections ? Un Parlement qui annexe l'exécutif ? Intéressant.
[**] Nostalgiques de Stepan Bandera, chef de l'OUN-UPA durant la Seconde Guerre mondiale.
13:04 Publié dans Médias, Russie-Ukraine-etc | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : ukraine
Commentaires
SI L'EUROPE PAIE, ET SI ELLE NE PAIE PAS
> Il faudrait 35 milliards d'euros de l'UE pour éviter à ce pays l'effondrement. Je ne parle pas des autres aides vitales pour ce pays. Ce seront des dizaines de milliards en plus.
Si l'UE les donne, les Irlandais, les Grecs, les Italiens, les Portugais, les Espagnols et le Français devront les payer en plus du reste.
Si l'Ukraine reçoit ces milliards, les gouvernements de l'UE seront d'une discrétion remarquable mais les contribuables seront invités à passer à la caisse.
C'est l'état d'urgence qui s'annonce en Europe UE.
Si l'UE ne le fait pas, une très grosse déception des pro-UE est en route. Les néo-nazis soutenus par l'UE vont encore se raidir et tuer. L'ex-président sera tenu pour responsable. La partie orientale de ce pays avec lui. La partie occidentale se sentira tenue d'attaquer les ennemis du pays. La guerre civile a commencé.
______
Écrit par : DidierF / | 24/02/2014
PAS D'ACCORD
> Vous semblez absolument certain de vos opinions, sans aucune modération avec un parti pris absolu pour la Russie de Poutine. Et l'argent, la luxueuse demeure du Président renvoyé ? Merci pour votre modération prochaine.
Alex Parel
[ PP à AP
- Ce ne sont pas des opinions. Ce sont des faits, dont la plupart de nos médias refusent de tenir compte.
- Qu'appelleriez-vous "modération" ? Que je parle comme "Libé" ? ou comme France Inter ? Même 'le Monde' (article de Piotr Smolar) constate, par moments, les mêmes choses que mes informateurs...
Navré de contredire votre sensibilité informée par nos grands médias, mais je ne peux pas dire autre chose que la réalité. Le fait (incontesté) que Ianoukovitch soit un ripou et un imbécile, ne change rien à la situation réelle de l'Ukraine. Ni à la toxicité de l'idéologie animant les "nationalistes" nostalgiques des pogroms, qui tiennent Lvov et ont - pour l'instant - le vent en poupe à Kiev. Et qui inspirent déjà des lois ! Ça ne vous dit rien, l'abolition du droit de parler une autre langue que celle du parti nationaliste ? Et je vous certifie que cette abolition est un fait. pas une opinion de ma part. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Alex Parel / | 24/02/2014
"NATIONALE" ?
> Viktor Klitschko, l'ex-boxeur présenté par les journaux français comme le chef de file de la contestation en Ukraine depuis un an, est à peine considéré comme un Ukrainien là bas et ne pourra peut-être même pas se présenter à la présidentielle depuis que 'Golos Oukraïny' (journal du Parlement de Kiev) a divulgué ses revenus 2012 : en Ukraine, 11 204 grivna, c à d peanuts. Mais en Allemagne, 5 millions d'euros ! Klitschko a passé en Allemagne les treize années précédant son retour en Ukraine en 2013. Il est résident allemand (carte de séjour jusqu'en 2018). Il a aussi la carte verte aux Etats-Unis !
______
Écrit par : Tarass / | 24/02/2014
RANCOEURS
> Pour ce qui est des langues. Nous avions accueilli un jeune Ukrainien pour les vacances, après la catastrophe de Chernobyl. Il nous avait expliqué que les taxis par exemple, devaient parler russe et non ukrainien, d'autres professions aussi, et que l'on faisait pression pour faire disparaître la langue ukrainienne. Pas étonnant si après il y a des rancoeurs.
______
Écrit par : Barbara / | 24/02/2014
POUTINE ATTEND
> 1 partout , balle au centre :
La Russie vient de faire savoir au moins une de ses lignes rouges : pour elle la suppression de la langue est un acte considéré comme anti-russe qui va trop loin et ne reconnaît pas ceux qui ont pris cette décision (même s'il n'est pas dit que cela en est la motivation).
Les russes qui doivent payer la facture des jeux (réussis à tous points: classement médailles d'or, nombre de médailles, pas d'incidents, organisation louée par tous les athlètes) n'ont peut-être pas les moyens d'acheter l'Ukraine ; mais, fournisseur d'énergie à tarif préférentiel, ont les moyens de faire pression. L'Europe fortement endettée ne pourra pas soutenir l'Ukraine financièrement.
Ioulia Timochenko pas adoubée à Kiev, Viktor Klitschko présenté comme un nouveau riche "étranger" (même si c'est grâce à ses succès sportifs). Il est probable que ceux qui se sont enrichis trop vite ne soient pas les bienvenus du peuple. Une multitude d'opposants farouches et déterminés crée une révolution, mais ne crée pas un leader. Poutine pense-t-il attendre [tout en veillant à certaines lignes rouges] pour ramasser la mise ?
______
Écrit par : franz / | 24/02/2014
ABOLITION
> N'y a-t-il pas une différence entre revenir à la situation antérieure à Ianoukouvitch, l'ukrainien seule langue officielle, et interdire l'enseignement du russe ?
C.
[ PP à C. - Supprimer la loi d'équité linguistique, signifie (par exemple) obliger les Ukrainiens russophones à remplir toutes leurs obligations légales en ukrainien.
Dans l'enseignement, Kiev n'a peut-être pas de pouvoir de coercition sur les professeurs de l'est.
Mais cette abolition d'une loi réaliste constitue une dénégation de réalité : démarche purement idéologique, qui, je le souligne, ne figurait jusqu'ici au programme d'aucun parti autre que les groupes "bruns". ]
réponse au commentaire
Écrit par : caillaud / | 24/02/2014
SYMBOLIQUE
> Les prétendus "européens" de Kiev n'ont pas tardé à montrer le bout de l'oreille : ils commencent par interdire à un tiers de la population de s'exprimer dans son idiome !
Il semble qu'en matière de mesure d'urgence ils auraient pu trouver autre chose, surtout dans l'état de chaos, de délabrement et de chienlit (en dépit des svobodistes et des Pravyï Sector qui font régner (leur) ordre dans les rues) qui est celui d'une bonne partie de l'Ukraine.
Imagine-t-on que le Parlement français (à l'occasion du 1er avril, peut-être) proscrive tout usage de l'arabe dialectal sur l'ensemble du territoire national ? On a peine à imaginer ce que seraient les réactions tant dans les médias que dans les officines et conservatoires de la Pensée Unique, que dans les instances internationales : ce serait un spectacle grandiose, un déluge, un feu d’artifice de condamnations, un festival de mesures de rétorsion.
Et pour la décision de la Rada ? Nada...
RC
[ PP à RC - Le projet de loi en question doit être relativisé : il n'aura aucun effet pratique. Sa seule portée est symbolique, c'est-à-dire idéologique, révélatrice d'un état d'esprit qui ne favorisera certainement pas le statu quo. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Réginald de Coucy / | 25/02/2014
NOTRE-DAME DES LANDES
> Cette questions ne concerne pas ce sujet mais pourquoi ne parlez-vous pas de la manif à Notre-Dame des Landes et de ses suites. je pense que ce serait intéressant d'avoir votre avis qui serait utre que celui des médias bien pensants.
Bernard
( PP à Bernard - Si, il en est question dans le fil de commentaires sous la note du 21/02. Et je vais revenir bientôt sur les relations écolos-gouvernement. ]
réponse au commentaire
Écrit par : bernard / | 25/02/2014
YOUGOSLAVIE
> Un petit rappel sur une histoire récente ET l'attitude des USA :
http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2014/02/25/31002-20140225ARTFIG00087-ukraine-un-scenario-a-la-yougoslave.php
______
Écrit par : franz / | 26/02/2014
DEJÀ
> La coupure de l'Ukraine, comme celle de la Yougoslavie, apparaissait déja dans "Le choc des civilisations" d'Huntington, et aussi dans un article avec carte paru après la chute du Mur...Malheureusement, je ne sais plus où.
______
Écrit par : Pierre Huet / | 26/02/2014
LANGUES EN UKRAINE
> La Hongrie aussi ? Le vote sur la langue officielle mécontente aussi la minorité hongroise, qui avait droit dans sa région au statut de langue régionale (d'autres minorités sont aussi touchées), à vouloir agiter le chiffon rouge de la provoc envers la Russie, ce gouvernement (non élu) pourrait s'affaiblir avant toute élection !
______
Écrit par : franz / | 26/02/2014
ANGOUMOISINS
> Mgr Dagens vient encore de briller ce matin sur RCF ;il persiste sur la Syrie et se montre tout autant clairvoyant sur l'Ukraine,pauvres fidèles angoumoisins !
______
Écrit par : Joly / | 27/02/2014
Les commentaires sont fermés.